L’intemporel enfant au tambour

Il n’est pas simple d’écrire un article au sujet d’une chanson que tout le monde connaît et qu’on apprend à l’école. Mais puisque c’est un classique de Nana, il vaut la peine de s’y consacrer et de comprendre pourquoi. Qui ne connaît pas "L’enfant au tambour", ce thème de Noël repris par des centaines d’interprètes souvent accompagnés d’un choeur d’enfants? En l’enregistrant, Nana en a fait l’un de ses incontournables. Revoyons ici ses origines, son adaptation et chacune de ses versions: en français, allemand, italien, espagnol et anglais. Et, quel est le secret de ce succès?

ORIGINES

L’on doit cette mélodie à la pianiste américaine Katherine Kennicott Davis. En la composant, en 1941, elle s’inspire du chant de Noël traditionnel "Patapan" et l’intitule "Carol of the Drum". Celle-ci devient célèbre grâce à un enregistrement de la chorale d’Harry Simeone en 1958. Ce dernier et le producteur Henry V. Onorati reçoivent également les crédits de composition et la chanson s’intitule désormais "The little drummer boy". Le texte, presqu’identique, raconte l’histoire d’un jeune garçon qui se retrouve devant la scène de la Nativité. Il n'a pas de cadeau pour l'Enfant Jésus, mais il lui joue du tambour. Au cours des années qui suivent, la chanson est reprise par plusieurs grands interprètes pour leurs albums de Noël: Johnny Cash, Bing Crosby, Johnny Mathis et tant d’autres.


ADAPTATION

Lorsque Nana décide d’enregistrer ce classique moderne, elle choisit d’abord la version française dont le texte est signé de l’écrivain Georges Coulonges. Depuis des années, elle est émue par le thème: l’histoire du petit enfant qui va au ciel demander le retour de son père. Finalement, c’est un rêve. Il faut dire que Nana est sensible au sort des enfants dans le monde et ce n’est pas un hasard si elle devient ambassadrice pour l’UNICEF en 1993. Le jour de l’enregistrement, elle est accompagnée par l’orchestre de Michel Legrand et la chorale des Petits chanteurs de l’Île-de-France. Tambour et flûte traversière se joignent à la voix de Nana et celles des choristes pour créer l’ambiance. L’adaptation est réussie!

 

L’ENFANT AU TAMBOUR

Ce premier enregistrement voit le jour en France en mai 1965 sur son 14e super 45 tours. Il forme également le titre de son troisième microsillon. Là-bas, la chanson devient son deuxième grand succès consécutif après "Les parapluies de Cherbourg". Et, dans la francophonie, elle est surtout popularisée par Nana. Au Québec, par exemple, le 45 tours est réédité à chaque année en vue de la période des fêtes. Après quinze ans, on peut imaginer le nombre de disques vendus. Comme la mélodie est aimée des touts petits, en 1971, elle est incluse dans son album "Pour les enfants". Au cours des années, Nana la chante dans certains shows télévisés et souvent dans ses récitals, car elle fait partie de son répertoire. D’ailleurs, en 1997, à New York, pour son "Concert for Peace", elle choisit de l’interpréter en français.


JOHNNY TAMBOUR

En octobre 1965, "Johnny Tambour" sort en 45 tours. Quelques mois plus tard, dans son deuxième album en allemand. Pour cette version, on utilise le prénom Johnny afin de désigner le petit joueur de tambour. Notons que là-bas, elle est également connue sous le titre de "Der kleiner Trommler". Avec "Weisse Rosen aus Athen", c’est la seule chanson que Nana interprète dans la langue nationale lors de ses deux premières tournées allemandes en 1972 et 1974. Depuis, elle la conserve dans son répertoire, car elle sait que son public aime la réentendre. D’ailleurs, "Johnny Tambour" figure dans ses albums en direct "Eine Welt voll Musik", "Concert '80" et sur le DVD "Live in Berlin".

IL TAMBURINO

En décembre 1965, "Il tamburino" paraît dans l’album "In Italia", une collection de ses chansons en italien. Cinq mois plus tard, sur un 45 tours. Comme en français et en allemand, elle raconte l’histoire d’un enfant qui rêve de retrouver son père. Puisque Nana ne retourne pas souvent en Italie, elle n’a pas l’occasion de l’interpréter devant un public. Par contre, la chanson connaît un certain succès, car la partition de musique est commercialisée. Là-bas aussi, cette mélodie est reprise par une multitude d'interprètes et de chorales dans la langue nationale. Les lyriques diffèrent selon les versions.

EL PEQUEÑO TAMBORILERO  

La version espagnole est éditée sur un super 45 tours en mai 1966. Son texte se rapproche de l’original en évoquant le roi, Jésus, Marie, les anges et la crèche. Malgré le fait que Nana ne parle pas encore la langue, l’enregistrement est très bien réussi. Il aurait même pu être inclus dans une compilation de Noël, par exemple. Mais comme il ne paraît pas sur un microsillon, il tombe dans l’oubli. Pendant ses vingt ans d’absence en Espagne, c’est surtout le chanteur Raphäel qui la popularise. L’enregistrement de Nana sera à nouveau disponible en 2008 dans son intégrale espagnole.

THE LITTLE DRUMMER BOY  

Nana met des années avant de l’enregistrer en anglais, car elle reprend rarement une chanson dans la langue où elle a été popularisée. Mais pour les besoins d’un album de Noël en 1972, "The little drummer boy" c'est un incontournable. Si dans ses récitals, Nana choisit de ne pas l’interpréter dans la version originale, c’est sans doute parce qu’on l’identifie avec la fête de Noël. En effet, le texte fait référence au roi nouveau-né, à Marie, au boeuf et à l’agneau. Par contre, son enregistrement est amplement commercialisé puisqu’on le retrouve dans plusieurs compilations. Quant à l’album "Christmas with", il paraît dans une vingtaine de pays et lui rapporte plusieurs disques d’or et de platine.

LE SECRET DE CE SUCCÈS

Lorsqu’un artiste enregistre cinq versions d’une chanson, chacune dans une langue différente, ce n’est pas le fruit du hasard. Nana a choisi une mélodie simple et rythmée qui plaît aux petits et aux grands. Pour la suivre, il suffit de répéter son célèbre onomatopée: "parapapampam". Cependant, l’interprétation que le public aime entendre, c’est celle de Nana. En studio, elle est parfaite. Mais sur scène, elle est encore plus poignante, surtout pour le passage où batterie, basse et guitares gagnent en intensité: "Tous les anges ont pris leur beau tambour". L’émotion est à son comble et les spectateurs sont ravis. Il n’y a aucun secret. Ce succès, Nana le doit à ses qualités d’interprète.

UN INCONTOURNABLE

Presque tous les chanteurs enregistrent des airs de Noël, mais peu réussissent à en faire des succès avec lesquels on les identifie. Avec le célèbre enfant au tambour, Nana en a fait une chanson intemporelle. Quel que soit le moment de l'année, elle l'inclut dans ses tours de chant. Pour Nana, il n’y a pas de période fixe pour chanter le rêve d’un enfant. Cela dure depuis plus de 50 ans. Et à chaque fois, son interprétation est toujours aussi fraîche. Voilà pourquoi "L’enfant au tambour" est devenu un incontournable.